La Grande Vitrine

Galerie d’art photographique à Arles

LIENS VISIBLES

1er août au 28 septembre 2024

Dans la part immatérielle du réel une mémoire inconsciente se transmet au fil des générations, des symboles, des images, des archétypes. Une logique qui nous échappe remplit tout l’espace et des liens se révèlent, constituant une trame commune.

C’est une transition intérieure poussée par la trame profonde et mystérieuse qui peuple l’intériorité de l’homme et se révèle sous les formes diverses dans toutes les cultures. Comme pour Eveline Soum BONKOUNGOU avec « Peogo », dont la révélation de ce panier parle de symboles et transmission dans une société qui est en pleine mutation et où les interrogations et réflexions sur la condition de la femme et le partage des tâches viennent à peine de commencer.
Dans ses œuvres, Louis OKE-AGBO représente ce lien invisible, cette part immaté- rielle. Par le masque, le visage voilé, il nous parle aussi de l’acceptabilité des différences toujours en lien avec la terre comme valeurs universelles.
Pour O’kiins HOWARA, spiritualité, tradition et modernité sont au centre de ses photographies.
Pour capter l’énergie du monde, Malick KEBE pose un regard esthétique et sublime ses modèles par la couleur.
Darios TOSSOU se nourrit des cultures ancestrales et invente alors de nouvelles formes visuelles.

Tous les photographes utilisent la photographie comme un outil de réalignement culturel, proposant la création d’un langage, d’une compréhension et d’une approche partagée. Les liens avec ses architectures invisibles qui captent une trame plus pro- fonde, équilibrent notre rapport au monde. C’est cette synchronicité qui est mise en image par les photographes pour cette exposition.

Directrice artistique : Ana SARTORI

Louis OKE-AGBO

Louis OKE-AGBO est né en 1980 au Bénin. Il se passionne très vite pour l’image et la photographie et va suivre une formation en photo et vidéo à Porto-Novo. Il décroche son diplôme en 2000 et se spécialise en photographie d’art, dénonçant les déséqui- libres mentaux et le mal être de la société.

En 2010, il obtient le premier prix de photographie du Festival National des Arts et de la Culture (FESNAC) du Bénin. En 2013, il crée un atelier de réinsertion sociale et d’expression artistique au profit des handicapés et publie son premier livre. En 2015, Louis fonde l’ONG ‘Vie et Solidarité’, qu’il transforme en centre d’art thérapie. Les œuvres de Louis sont sélectionnées dans le cadre de nombreuses expositions internationales.

Je fais disparaître les visages de mes modèles derrière des masques africains. L’invisible est présent en chacun des personnages représentés. Les défunts font partie de ce monde invisible et deviennent divinité, tout comme les per- sonnes atteintes de trisomie 21 ou de malformations. En effet, la tradition Vodoun au Bénin veut que ces personnes soient considérées comme surnatu- relles et vénérées.
A travers mes montages photographiques, on aperçoit la texture des élé- ments telle que la terre rouge de mon pays ou encore les feuilles des arbres sacrés comme un rappel au peuple de son unicité.

Anonymous Face Dario Tossou

MALIK KEBE

Malick KEBE vit en Côte d’Ivoire. Il a un peu plus de 30 ans et appartient à la génération Instagram. Ce sont les réseaux sociaux qui l’ont propulsé sur le devant de la scène. En 2019, il est repéré par Apple, Twitter et Toyota. Cette consécration lui a permis d’exposer à Paris, Atlanta (États-Unis), Zanzibar (Tanzanie) et à Abidjan (Côte d’Ivoire).

A mi-chemin entre photographie et peinture, Malick KEBE bouscule les codes, travaille ses photos en postproduction. Il mise sur un élément clé : la couleur. Pour lui, les humains sont une drôle d’espèce au plumage magnifique, comme les oiseaux. Son œil de photographe le pousse à mettre les personnages qu’il observe dans un univers coloré. La couleur est toujours au centre de l’interprétation des sujets qu’il photographie.

La couleur c’est mon drapeau, c’est l’Afrique. Pour moi, tout objet est avant tout une couleur avant d’être une forme. La couleur a une emprise sur moi. Je passe des heures sur mes photos en postproduction. Mes modèles sublimés incarnent une histoire à travers des couleurs sursaturées.

DARIOS TOSSOU

Darios TOSSOU est né à Cotonou (Bénin) en 1991.
Il a suivi une formation en journalisme audiovisuel et se spécialise dans la photographie de mode puis évolue vers un travail plus personnel. Son œuvre, en constante mutation, est en train d’éclore et de se révéler à l’Afrique et au reste du monde. Darios TOSSOU a décroché en 2018 le prix du meilleur photographe au Festiflash, festival photo du Bénin.

La série « Anonymous » est consécutive à une profonde remise en question de l’artiste. Qui suis-je ? Quel est mon rapport au monde ? Il se nourrit des cultures ancestrales et invente alors de nouvelles formes visuelles. En puisant dans ses racines, Darios TOSSOU retrouve la puissance cultuelle et culturelle des rites Vaudou, emblématiques au Bénin. Il utilise le kaolin pour badigeonner et symboliquement purifier les corps qu’il photographie. Le questionnement de Darios se veut universel. A travers ses photographies, on devine que la résilience passe par la métaphysique, par notre rapport à l’univers et aux dieux.

O’kiins HOWARA

O’kiins HOWARA est ivoirien et issu de la génération Instagram. Il utilise les ressorts du smartphone et de l’ordinateur pour composer ses œuvres. Les cauris (petits coquillages couleur porcelaine) sont très présents et « habillent » ses modèles. Ils furent la monnaie de l’Afrique de l’Ouest, mais ont surtout une valeur religieuse dans les manifestations cérémonielles.

À travers ses œuvres, O’kiins nous invite à une exploration de l’Afrique dans le temps et les couleurs. Par l’emprunt d’éléments du quotidien et d’autres plus traditionnels, il fait le portrait d’une Afrique loin des clichés de l’histoire et de la peur de l’avenir. Il la présente comme elle est : un continent plein de nuances et de subtilité. Spiritualité, tradition et modernité se mêlent dans les photographies d’O’kiins. Elles interrogent, laissent la place à l’imaginaire avec une palette picturale percutante.

Eveline Soum BONKOUNGOU

Eveline Soum BONKOUNGOU est née en 1992 au Burkina Faso. Assistante dans la photographie évènementielle, elle rencontre et travaille avec le photographe burkinabé Adrien BITIBALY qui lui fait découvrir la photographie d’auteur.

En 2021, elle participe au programme de mentorat de Photosa, la biennale photographique de Ouagadougou, intègre le Cercle des Photographes du Burkina et devient membre du comité d’organisation du festival. En 2023, lors de la seconde édition, elle expose son projet ZIRK. Elle réalise des résidences de création au Togo et la Fondation Manuel Rivera-Ortiz ainsi qu’une collaboration avec le Bauhaus Universität Weimar.

Ses séries ont été exposées à Arles, à la Fondation MRO, au Goethe Institut de Ouagadougou et au festival Emoi photographique d’Angoulême.

Ma série « PEOGO » témoignage des questions essentielles autour de la tradition au Burkina-Faso. Le peogo est un panier traditionnel offert à la mariée. Autrefois valorisé et considéré comme un trophée, symbole de fierté pour le couple dans les familles. Aujourd’hui, ce panier perd de sa popularité  auprès des jeunes avec les évolutions de la société et de sa modernité. Fierté pour les uns, et questions pour les jeunes couples bur- kinabé, c’est l’histoire que je vous raconte au travers de cette exposition.

Anonymous Face Dario Tossou